La méthode de soutien scolaire Toru Kumon, vous connaissez ?
Nous le constatons tous, le système éducatif que nous connaissons en France a besoin de renouveau. Les alternatives pédagogiques sont une grande source d’inspiration. C’est la raison pour laquelle je contribue modestement avec cet article à élargir le champ des possibles en présentant une méthode peu connue en France : la méthode Kumon.
Cette méthode de soutien scolaire est basée sur l’auto-apprentissage. Les enfants étudient après l’école, dans des centres dédiés à cette méthode, une ou plusieurs matières (mathématiques, anglais, japonais). Après une évaluation de positionnement, chaque enfant se voit attribués des exercices correspondant à son niveau actuel, qu’il réalise alors en autonomie. Les fiches d’exercices fournissent au départ des exemples de solutions pour permettre à l’enfant d’en déduire un processus qu’il réemploie ensuite au fil des exercices. Ainsi il développe sa capacité de raisonnement et de résolution de problèmes ; il augmente sa confiance en lui et le goût d’apprendre.
Volontairement simples au départ, les exercices donnent confiance et éveillent l’intérêt de l’enfant. Ils se complexifient graduellement sans jamais toutefois devenir rébarbatifs ni trop complexes par rapport au niveau de l’apprenant, et c’est là la force de la méthode : les enfants progressent tout en douceur.
Un instructeur Kumon accompagne avec bienveillance les enfants dans la découverte de la solution des exercices par eux-mêmes, il ne donne pas les réponses.
Cette méthode s’adresse aux enfants de 3 à 18 ans, du développement de l’agilité à la maîtrise d’un domaine d’étude.
Quelques chiffres : selon le site officiel Kumon, il y a à ce jour 4,2 millions d’apprenants Kumon à travers 57 pays et régions du monde (dont 2,26 millions d’apprenants hors Japon). Chiffres auxquels se rajoutent les enfants étudiant à la maison à l’aide des cahiers d’exercices Kumon vendus sur internet.
Afin donc de partager avec vous une réflexion autour de cette méthode mondialement connue, je suis partie du point de vue des utilisateurs.
Après tout, quoi de mieux que le regard des apprenants ?
Pour cela un sondage a été réalisé.
Qui sont les participants :
Le sondage a été transmis à une vingtaine de structures éducatives ou culturelles. 14 personnes y ont répondu. C’est peu…
Presque uniquement des personnes d’origine japonaise (90%), 1 personne d’origine canadienne. Aucun participant français, la raison principale étant que la méthode n’est pas développée en France. Il n’y a actuellement qu’un seul centre d’étude Kumon, situé en région parisienne. L’autre raison est qu’il a été difficile de trouver échos à mes appels de collaboration à la diffusion du sondage.
Sur l’ensemble des participants, 11 sont d’anciens étudiants Kumon, 3 sont des parents répondant au nom de leur enfant actuellement élève en centre Kumon.
Les anciens étudiants ayant répondu ont aujourd’hui entre 26 et 47 ans. Les enfants étudiant avec Kumon actuellement sont âgés de 9 à 10 ans. Ils sont donc en primaire.
Sur les japonais ayant répondu, 6 vivent actuellement au Japon et 7 vivent en France. Cet état de fait a-t-il une incidence sur les réponses aux questions du sondage ? L’exposition à une autre culture a-t-elle un impact sur le ressenti de cette expérience éducative ? Essayons de voir s’il y a une différence notable…
- Le type d’école de l’enfant joue-t-il un rôle dans son ressenti sur la méthode ?
Les 3 enfants sont en école primaire publique (1 au Canada, 2 au Japon).
Sur les 11 anciens étudiants, 9 étaient en école publique au moment où ils étudiaient chez Kumon, et 2 en école privée.
Il est intéressant de noter qu’au Japon la grande majorité des enfants fréquentent une école publique en primaire, car il y a peu d’écoles primaires privées. Par la suite certains s’orientent alors vers le privé.
Remarquez également qu’aucun d’entre eux ne fréquentaient (ou ne fréquentent) une école à pédagogie alternative, tous étaient dans une approche traditionnelle de type transmissive.
- Pourquoi étudier au centre Kumon ?
La majorité de nos participants ont fréquenté le centre Kumon sur la décision de leur parent. La deuxième raison qui ressort est « pour prendre de l’avance sur le programme » ; il est bien sûr possible que ce soit aussi ce qui ait motivé le choix des parents…
A ce propos, l’un des participants nous a précisé que « jusque dans les années 80-90 le point fort de cette méthode était de faire prendre de l’avance aux enfants sur le programme scolaire. Par la suite on a commencé à éviter les apprentissages précoces, et Kumon n’a plus communiqué sur cet aspect. » L’apprentissage précoce a toutefois repris son essor au Japon depuis cette période et les centres Kumon ne désemplissent pas.
- Alors, nos apprenants ont étudié ainsi combien de temps ?
Les durées sont très variables, cela va de 3 mois à plus de 10 ans.
De 1 à 2 fois par semaine pour 80% d’entre eux, 3 à 4 fois pour l’un d’entre eux et tous les jours pour un autre (qui est aussi l’une des personnes ayant étudié ainsi plus de 10 ans).
Chaque session étaient majoritairement d’une durée de 1h, mais aussi de 30 minutes pour 2 d’entre eux, et 10 minutes pour l’un des participants.
La méthode :
- Quelles matières ont-ils étudiées avec Kumon ?
Ils ont étudié entre 1 et 4 matières. Tous sauf 1 ont étudié les mathématiques. Les autres matières sont le Japonais et l’Anglais.
Cette méthode, rappelons-le a été développée en premier lieu pour l’apprentissage des mathématiques. Monsieur Toru Kumon était professeur de mathématiques et a développé cette méthode (en 1958, au Japon) pour aider son fils en difficulté dans cette matière. Elle a ensuite été adaptée à d’autres matières.
Comme expliqué précédemment, l’un des points forts de cette pédagogie est d’adapter la difficulté au rythme de progression de l’enfant.
Selon ce petit sondage, la méthode semble en effet progressive. Aucun de nos participants n’a répondu « non » à la question « diriez-vous que la méthode Kumon s’adapte à votre rythme personnel de progression ? ». 8 ont répondu « oui », 6 (dont 2 parents d’élèves) ne savent pas. (répondre à cette question en tant que parent peut être compliqué).
- Ont-ils progressé dans les matières étudiées ?
9 ont répondu « oui », 5 ont répondu « non ». C’est donc plutôt positif mais les participants sont trop peu nombreux pour extrapoler à partir de ce résultat.
- Et ont-ils développé leur confiance en eux ?
7 se sentent plus confiants dans leurs capacités d’apprentissage, 1 ne se sent pas plus armé, et 6 ne savent pas. Une fois de plus il est difficile d’interpréter. C’est toutefois l’occasion de rappeler l’accent mis sur l’autonomie de l’enfant dans cette approche, véritable atout de la pédagogie.[/vc_column_text][vc_empty_space height= »30px »][vc_column_text]
Ce qu’ils en pensent :
- « Cette méthode a-t-elle été efficace pour vous ? »
Toutes nuances confondues, les participants ont trouvé la méthode relativement efficace à 90%, 1 personne l’a trouvée peu efficace (elle a étudié 6 à 12 mois avec cette méthode).
- « Les exercices de cette méthode étaient-ils (sont-ils) simples à réaliser ? »
8 participants trouvent les exercices simples, 6 les trouvent un peu difficiles. Les enfants (inclus dans ces chiffres), actuellement étudiants Kumon, sont 2 à trouver les exercices « simples » et 1 à les trouver « un peu difficiles ». Notons qu’aucun ne les trouve « très difficile », ce qui peut s’expliquer par la progressivité très graduelle des exercices. Le fait de rencontrer une légère difficulté signifie à mon sens que les exercices correspondent au niveau de l’enfant : trop simple l’enfant n’apprend rien, trop difficile il est mis en échec et ne progresse que dans « la douleur ». Une légère difficulté est le stimulant nécessaire et l’élément valorisant.
- « Aimez-vous (ou votre enfant aime-t-il) étudier au centre Kumon ? »
Une majorité (toute relative au vu du nombre de participants) aime étudier au centre Kumon. Les enfants, actuellement étudiants Kumon, se situent pour 2 d’entre eux dans les « oui », et pour l’un d’entre eux dans les « non ».
- Et enfin, la question que tout le monde se pose : recommandent-ils cette méthode ?
6 la recommandent, 6 ne savent pas, et 2 ne la recommandent pas.
Pour conclure :
Au vu des chiffres présentés en début d’article, nul doute qu’un engouement pour cette méthode apparaîtra en France.
En attendant, ce petit sondage nous a donné des premières pistes d’analyse mais ne nous a pas permis d’identifier de différences entre les anciens étudiants et les étudiants actuels, ni de différences pouvant avoir une explication d’ordre culturelle entre les japonais vivant au Japon et ceux vivant en France par exemple.
Il ressort tout de même que tous les résultats sont plus positifs que négatifs.
Il serait passionnant de reconduire ce sondage à bien plus grande échelle afin de confirmer (ou infirmer) cette tendance.
Si vous êtes acteur de cette pédagogie, nous restons ouverts à toute idée de collaboration…
Je remercie les participants qui ont eu la gentillesse de partager avec nous leur expérience d’apprenants Kumon. Merci également à mon amie Masami L. sans qui ce travail n’aurait pas pu aboutir.
Claire Perron, ingénieure pédagogique